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Éducation inclusive : les parents face à l’absence d’informations

Par Fotso Fonkam

Les parents du petit S. sont embarrassés. Bientôt il sera en âge d’aller à l’école, et jusqu’ici ses parents ne savent pas quelle est la meilleure école pour lui. Le problème qui se pose, c’est que le petit S. souffre de déficience auditive. Ses parents, qui ne connaissent aucune école adaptée dans leur entourage, s’inquiètent de l’avenir qui lui sera réservé.

Au Cameroun, environ 10% de la population souffre de handicap. Selon les données publiées en 2013 par African Disabilities Rights Yearbook, les formes de handicap les plus répandues sont la déficience auditive, le handicap moteur inférieur et le handicap visuel. Cependant, quel que soit le type de handicap, les parents ou tuteurs d’enfants handicapés font face à de nombreuses difficultés lorsque le moment de scolariser leurs enfants arrive.

Au Cameroun les données à jour concernant le taux de scolarisation des enfants handicapés sont difficiles à trouver. Mais ce qui est sûr, c’est que plusieurs de ces enfants ne reçoivent pas une éducation de adéquate du fait non seulement de la rareté de structures adaptées à leur condition, mais aussi du fait de la difficulté d’accéder à l’information. En effet, le Cameroun ne dispose à ce jour aucune carte scolaire, ni aucun système de cartographie effective de structures adaptées à l’encadrement scolaire des enfants handicapés.

En 1995 et 2017, deux appels d’offres ont été lancés par le gouvernement camerounais pour l’élaboration d’une carte scolaire numérique géo-référencée au ministère des enseignements secondaires. À ce jour, cette carte semble inexistante. Mais, si elle existe, elle n’est pas accessible au public. Pourtant, c’est un outil qui aurait facilité la tâche aux parents ou tuteurs d’enfants handicapés qui, à l’instar des parents du petit S., peinent à trouver les structures adaptées aux besoins de leurs enfants.

Envoyer des enfants souffrant de handicap dans des écoles inadaptées à leur condition ne leur permet pas d’étudier de façon optimale, ce qui compromet leur avenir. A. E. est élève au lycée bilingue d’Akono en classe de troisième. Handicapée motrice, elle a du mal à se rendre au lycée sans être aidée par une tierce personne. Les jours où il pleut, le chemin qui mène à l’établissement est impraticable, ce qui l’oblige à être souvent absente. En conséquence, elle a une scolarité en dents de scie.

La ville d’Akono abrite trois établissements secondaires : le lycée bilingue où A. E. est élève, le lycée technique et le collège privé Stoll. Aucun de ces établissements n’étant inclusif, les parents de A. E. n’ont eu d’autre choix que de l’inscrire au lycée bilingue, où elle évolue tant bien que mal. Ce qu’ils ignorent, c’est qu’il existe à Mbalmayo qui est à 23 km d’Akono, une école inclusive où leur fille aurait reçu une éducation mieux adaptée à sa condition.

À ce jour, il existe quelques écoles inclusives au Cameroun. En août 2015, la ministre de l’éducation de base a signé l’arrêté n°7707/A/501/MINEDUB/SG/DEMP portant transformation de certains écoles primaires en écoles primaires inclusives. 67 établissements, répartis dans les 10 régions du Cameroun, ont ainsi été transformées en écoles primaires inclusives pour permettre aux enfants handicapés d’accéder à une meilleure éducation.

Mais cette initiative n’est pas la première. En 2003, l’artiste musicien Coco Bertin, directeur du Club des Jeunes Aveugles Réhabilités du Cameroun (CJARC) crée à Yaoundé l’école primaire intégrée privée laïque Louis Braille, une école inclusive. Malheureusement, il n’est possible de retrouver ce type d’information qui aiderait plus d’un parent à mieux scolariser ses enfants.

Il existe également quelques initiatives de cartographie des établissements scolaires, notamment le site Schoolmap Cameroun qui géolocalise les établissements publics au Cameroun. Cependant, le projet est limité aux établissements du secondaire et ne précise pas quels établissements sont inclusifs et lesquels ne le sont pas.

La mise en place d’une cartographie effective de structures d’encadrement d’enfants handicapés est indispensable pour une meilleure prise en charge de ces derniers. Rappelons que, selon l’article 7 de la loi d’orientation de l’éducation au Cameroun, « l’État garantit à tous l’égalité de chances d’accès à l’éducation sans discrimination de sexe, d’opinions politiques, philosophiques et religieuses, d’origine sociale, culturelle, linguistique ou géographique ».

Tout devrait donc être mis en jeu pour que les enfants handicapés reçoivent la meilleure éducation qui soit, et cela passe également par le diffusion de la bonne information.

Photo: ProHandicam

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