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Enfants ruraux : Ces bannis de l’éducation

Loin des projecteurs et actions  de  sensibilisation de masse les enfants qui vivent dans les zones rurales n’ont pas de droits, mais seulement de devoirs.

Beignets, arachides, poissons, sucreries et divers produits alimentaires fabriqués localement.  Ils sont contenus dans des plateaux. Les uns déposés sur les autres. Ces produits jonchent l’entrée du commissariat de la ville de Malentouen. Une localité du le département du Noun, située à un peu plus de 400 Km de la capitale Yaoundé. Peu de curieux  s’y intéressent. Toutefois, nous franchissons le pas. Pourquoi tous ces plateaux devant le commissariat ?  « Ce sont les marchandises  que vendaient les enfants au marché ». Nous répond t on.

Plus tard, nous apprendrons d’une source policière que ce « butin » est le fruit de la descente sur le terrain du sous préfet et du commissaire. Cette action s’inscrit  dans le cadre de l’ action baptisée « Non au travail des enfants, oui à l’école ! Elle consiste à confisquer puis détruire toutes les marchandises vendues par les enfants  et entendre les parents.

En effet, c’est un concept mis sur pied quelques années plutôt par l’ancien sous préfet  de la localité Jean tarcisse  Mbanga.  Ce dernier voulait à sa manière lutter contre un  «phénomène grandissant ».

« En  8 années , j’ai  fait créer  plus d’une dizaine d’écoles primaires , malheureusement  peu d’enfants y vont assidûment ».  Avant d’ajouter « dans les zones rurales, les enfants constituent la main d’œuvre. Ils commencent à porter les plateaux de marchandises dans les marchés dès l’âge de 4 ou 5 ans. »  Soutient-il. Avant de déplorer que peu d’organisations de la société civile nous appuie dans la sensibilisation’’

Pour mieux comprendre ce phénomène, nous rencontrons Aicha  Tetmoun. Elle est âgée d’une quarantaine d’années. Cette  résidente  de  Malentouen est mère de 8 enfants.  Rachida sa fille de 17 ans  vient de rejoindre son foyer  après le  mariage traditionnel. Aicha-nous revèle sans aucun regret qu’aucune de ses filles n’a atteint le lycée. Elles ont commencé à commercialiser  divers produits dès l’âge de 5 ans. « Nous les initions ainsi afin qu’elle puisse être prête à affronter la vie » lance t- elle en guise de conclusion.

Une réalité partagée aussi par Haida 10 ans.  Elle vient de  Bibémi, une localité du Nord cameroun située à plus de 1000 km de Yaoundé. Elle vient  de  rejoindre son oncle dans la capitale Yaoundé. Elle ne sait ni lire, ni écrire. Elle doit  passer   6 mois  à la maison pour asseoir les bases avant tout inscription dans un établissement. « Au village elle passait son temps à vendre au marché  pour soutenir sa grand- mère. » apprend t on d’un parent de cette dernière.

Pour Mohamed Siné, animateur communautaire, en zone rurale, la sensibilisation sur les droits des enfants est assez difficile voire tabou.  L’on se heurte aux pratiques traditionnelles, où les parents disent éduquer leurs enfants à l’africaine.  « Les parents estiment  qu’un enfant doit avant tout soutenir ses parents ».

Selon les experts, l’une des conséquences immédiate de cette situation est l’analphabétisme qui conduit à la pauvreté. Selon l’enquête camerounaise auprès des  ménages  en 2014, la pauvreté est un phénomène répandu  en zone rural où 56,8% d’individus sont touchés contre 8,9% en milieu urbain.

Alain Georges Lietbouo

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