Ce matin, sur le chemin de l’école, j’ai fait la rencontre de Binta, une jeune fille de dix ans qui avait perdu tous ses parents. Elle n’a pas de domicile fixe et vend des bananes à longueur de journée. Je me suis arrêté un instant et je l’ai observé ; Binta n’avait pas porté de masque. Elle n’était peut-être pas sans savoir qu’il y a une maladie qui sévissait : la COVID 19. Elle en avait sûrement entendu parlé. C’est juste que Binta n’avait pas les moyens de s’offrir un masque pour se protéger contre la COVID 19. Ce qu’elle gagnait lui suffisait à peine pour survivre.
Le cas de Binta n’est malheureusement pas isolé. Selon l’Organisation Internationale du Travail (OIT), 152 millions d’enfants dans le monde sont astreints à travailler pour survivre tout au long de la crise sanitaire de la COVID 19.
En Afrique, les enfants et les filles en particulier, sont l’une des victimes les plus vulnérables et cela dans le silence total. Durant cette période d’urgence sanitaire, les enfants sont d’avantages exposés aux :
Violences physiques : Maltraitances physiques, brûlures, coups et blessures au sein des ménages et foyers. Généralement plus observé dans les cas d’enfants adoptés et issus de familles recomposés qui ont du mal à se faire accepter par leurs demi-frères et leur nouvelle famille. La pandémie pourrait également entrainer un rebond des pratiques néfastes telles que le repassage des seins ; les mutilations génitales féminines….
- Violences sexuelles ; attouchements sexuels et tentatives ; viols et tentatives ; harcèlement sexuel ; exhibitionnisme et voyeurisme ; exploitation sexuelle non commerciale ; prostitution des enfants ; proxénétisme, traite à des fins sexuelles, mariages forcés des enfants, vision et/ou exposition à des images à caractère pornographique ;
- Violences psychologiques : injures, stress, frustrations, humiliations isolement, séquestration Propos dégradants (injures/humiliations, dénigrement), menaces de mort, punitions dégradantes, Isolement, Interdiction d’expression, Exposition aux violences conjugales, Rupture de communication avec l’enfant (Silence), Discrimination et préférences entre les enfants, Surcharge des tâches ménagères pour les filles, Indifférence, rejet affectif etc
- Négligence : Abandon des enfants, retrait abusif de l’école ,non prise en charge de la scolarité des enfants, expositions aux stupéfiants, à la délinquance juvénile et au commerce ambulant, travaux dangereux et inadaptés, transfert des responsabilités parentales aux enfants (Phénomène des enfants-parents), non-respect du droit subjectif des enfants ou des obligations parentales pour les droits fondamentaux sur le plan physique, médical, psychologique et éducatif (droit à la santé, alimentation, éducation, habillement, affection, etc…)
Dans le cadre de la riposte du COVID 19 et la prévention des violences envers les enfants, Il est urgent de :
- Renforcer les capacités des réseaux et associations sur la notion de parentalité positive pour susciter un changement de comportement en société ;
- Vulgariser et traduire en langues locales les textes législatifs et réglementaires sur les droits des enfants pour qu’ils prennent connaissance de leurs droits pendant et même après la pandémie ;
- Prendre part à cette lutte et en parler autour nous pour dénoncer et référer les enfants victimes de violences dans les plus brefs délais aux services appropriés.
Si vous êtes victime ou témoin d’une scène de violence ou si vous rencontrez un enfant violenté : rapprochez-vous du centre social le plus proche de chez vous, parlez-en avec une autorité religieuse, ou un leader communautaire. Vous pouvez sauvez une vie. Les violences faites aux enfants sont une grave atteinte à leur intégrité physique, mentale ainsi qu’à leurs droits. Nous avons besoin de vous pour le changement . Prenons soin de nos enfants et SOUTENONS les pendant, et après la pandémie du COVID 19.
ELIANE AURELIE MBENDE