Le Cocan exige un test négatif pour accéder au stade. Parvenir à obtenir ce précieux sésame relève du parcours du combattant. Entre résultat non disponible à temps et faux positif, les Hommes de médias ne savent plus où mettre la tête.
Valorien a la mine serrée. Pensif, il vient d’être informé de la non disponibilité du résultat de son test Covid-19 passé 2 jours plus-tôt. Pourtant, le résultat négatif dudit test est la condition sine qua non pour lui d’assister aux matchs Maroc-Rwanda et Togo-Ouganda comptant pour la deuxième journée des équipes de la poule C. Il est un peu plus de 12 heures ce vendredi 22 janvier 2021. Le soleil est au zénith et n’aide pas à digérer la nouvelle. Nous sommes à la maison du parti de Bonanjo. L’un des points de dépistage de la Covid-19 réservé aux personnes accréditées par la confédération africaine de football dans le cadre de la 6ième édition du Championnat d’Afrique des Nations (CHAN) de Football 2020. Tout à côté de Valorien se trouve Eric, plutôt serein. Il a pu obtenir le précieux sésame. Et son résultat lui donne accès au stade.
Sur le site presque désert, des ouvriers s’affairent à effectuer des travaux. Des coups de marteau tonnent çà-et-là. Quelques agents de santé s’attèlent à recevoir des volontaires venus passer leur test. « C’est quel site ? C’est le quantième test ? Ok va remplir la fiche-ci », peut-on entendre articuler l’une des 3 dames assises derrière la table. En effet, il faut remplir au préalable une fiche de renseignement avant d’aller passer le test de l’autre côté.
À l’extérieur, non loin de la porte d’entrée du stade, un petit bureau est aménagé, avec des feuilles éparpillées sur la table. Nathanaël vient d’arriver. Il se dirige sur ladite table et se met à soulever fébrilement les papiers les uns après les autres. Il répète le geste plusieurs fois. L’inquiétude commence à se lire sur son visage. « J’espère que se sont mes collaborateurs qui ont retiré mes résultats.», lance-t-il en poursuivant sa fouille. Peine perdue. Il réussit toutefois à retrouver dans la pile, les résultats des tests de certains membres de son équipe qu’il retire du lot et met dans son sac.
Pas de contrôle à l’entrée du stade
4h plus tard, Bépanda Omnisport. Il est un peu plus de 16h quand j’effectue mon entrée au stade de la réunification de Bépanda. Aire qui accueille les matchs des équipes de la poule C. Ici, je retrouve Valorien et Eric, le premier est journaliste et le second cadreur, ils sont accrédités pour ce Total Chan2020 pour le compte de la chaîne de télévision panafricaine Vox Africa. « Finalement on a même pas contrôlé les test là à l’entrée», confie Valorien soulagé. Toutefois, son masque ne quitte pas son visage.
Dans la salle des journalistes, une cinquantaine de journalistes de diverses nationalités sont installés. D’aucuns sont concentrés sur leur machine, d’autres animent des conversations diverses. Plus loin, une équipe se concerte avant le coup d’envoi du premier match qui oppose le Maroc au Rwanda. Les volontaires dans la salle martèlent à chaque fois « s’il vous plait gardons nos masques sur nos visages et évitons d’augmenter les cas de contaminations au Covid-19».
Parmi ces journalistes, plusieurs n’ont pas pu avoir leurs résultats de test Covid 19. Ablam Gnamesso, journaliste togolais apprécie positivement la mesure consistant à pratiquer systématiquement des tests aux journalistes en contact direct avec les joueurs et les différents publics : « Je trouve que c’est une bonne mesure par rapport à l’évolution de la situation de la Covid19 mais le souci qu’on a sur le terrain c’est qu’après avoir passé le test, au moment de retirer les résultats, on dit que ce n’est pas encore sorti. Quand on vient au stade, on ne nous le demande pratiquement pas. À ce niveau c’est un peu le couac. Maintenant si on revient sur la mesure. Faire le test Covid pratiquement tous les trois jours c’est pénible. Je disais à un médecin lors d’un prélèvement d’aller doucement au risque de me toucher le cerveau parce que c’est quelque chose qu’on plonge pratiquement dans votre narine. Refaire le test tous les 72h , c’est quelque chose qu’il faut revoir.»
Faux positifs à la délégation de la Santé
Joël Kouam par contre a eu la chance d’avoir son résultat. Un faux positif qui lui a donné des sueurs froides et l’a poussé à l’automédication, alors qu’il n’était pas du tout malade. « Je suis allé faire mon test PCR à la délégation régionale de la santé du Littoral, le samedi 16 janvier à 14h. Le lendemain quand j’ai reçu mon résultat, il était positif. J’étais dépassé car tout est constant chez moi, je n’ai rien ressenti comme symptômes. Bammm ! On te dit que tu vas devoir rester à la maison, tu ne vas plus travailler. Tu vas te mettre en quarantaine. Le pire c’est que je n’ai même rien reçu comme autres informations. On m’a juste balancé les résultats comme ça, pas d’appel, pas de suivi après.»
Joël qui couvre le Chan pour le compte de Bein Sports, est allé faire son test avec son collègue venue du Maroc. C’est le résultat de ce dernier qui a attiré son attention. « J’ai passé le test le 16 janvier. Avant j’avais déjà passé un test au Maroc avant d’arriver au Cameroun, on a aussi passé un test à l’aéroport de Douala, les deux tests sont sortis négatifs. On a fait un autre test le 16 janvier 2021 et c’est sorti positif. Mon cameraman et moi avions décidé de refaire avec les logistiques de la confédération africaine et, cette fois on a eu un test négatif », révèle Yassine Maarrach, journaliste Bein sports, venu du Maroc.
Les deux journalistes vont décider de passer à nouveau le test. « Je suis allé refaire le test le mardi au parcours vita et quand j’ai eu mes résultats on me dit que je suis négatif en l’espace de 4 jours », indique Joël.
Un test de 48h pour chaque match, quelle idée!
Passer le test covid19 n’est pas une expérience que les gens souhaitent renouveler. La sensation du coton tige dans les narines est très désagréable. « On ne peut pas être en train de faire un test tous les trois jours et de surcroît le PCR. On ne va pas tout le temps être en train de nous charcuter les narines », se désole Joël.
Un sacrifice qui au final n’est pas pris en compte. « Hier à Japoma on n’a pas eu de contrôle. Aujourd’hui à Bépanda non plus. Vous voyez ! Vous êtes venus et vous êtes entrés. C’est extrêmement compliqué », ajoute-t-il. Et Yassine de conclure : « C’est une expérience très stressante quand on vient d’arriver pour faire cette couverture du championnat d’Afrique des nations ici au Cameroun ».
Armelle Sitchoma