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Total Chan 2020 : Une offensive contre le Covid-19 à l’entrée des stades de Douala

Des commerçants ambulants postés devant les stades de Japoma et de la Réunification proposent aux supporters cet accessoire sanitaire obligatoire pour franchir le grand portail et trouver une place dans les gradins.

Distanciation sociale dans les gradins au stade de la Réunification de Douala. Crédit Photo: Armelle Sitchoma
Distanciation sociale dans les gradins au stade de la Réunification de Douala. Crédit Photo: Armelle Sitchoma

Maurine Dessap n’a pas raté un seul match du Championnat d’Afrique des Nations (Total Chan 2020) sur le site de Douala. La jeune dame de 40 ans s’est d’ailleurs pointée devant les stades de Japoma et de la Réunification au moins deux heures avant le début de chaque rencontre. Mais son Chan à elle, il ne se joue pas sur la pelouse à l’intérieur des complexes sportifs. Elle participe au championnat à l’entrée des stades, face à son adversaire de tous les jours, le coronavirus.

Maurine Dessap que nous rencontrons ce mercredi 27 janvier 2021, devant le stade de la Réunification de Douala à 20h30, est encore là pour une autre partie. Vêtue de jeans bleus et d’un démembré noir, elle arbore fièrement un chapeau large bord aux couleurs de son pays le Cameroun. Son cache-nez est bien en place. Dans sa main gauche, elle tient un paquet de masques de type chirurgical, conditionnés dans un emballage plastique transparent. Un sac accroché au dos stocke le reste de la marchandise. Un autre sac à main est accroché à l’épaule. Maurine est parée pour l’« attaque ». Elle propose la marchandise à tous les potentiels supporters qui cheminent en direction du stade.

« Cache-nez, cache-nez !!! » crie la dame. Pour « tacler », elle n’hésite pas à rappeler à la clientèle qu’il faut se protéger contre la Covid-19. Mais aussi, que le cache-nez est obligatoire pour accéder au stade. C’est avec cette dernière offensive inspirée des mesures édictées par le CoChan pour la prévention du Covid-19 dans les stades pendant le Chan, que Maurine Dessap parvient à captiver plus d’attention et à marquer des points. Un client vient de s’arrêter devant la commerçante. Il se renseigne sur le prix, puis se procure l’accessoire à 200 F. Cfa la pièce. Il l’enfile rapidement et se presse d’aller faire la queue pour entrer au stade. Déjà 30 minutes que le match a commencé à l’intérieur. Son équipe favorite, le Syli national de Guinée affronte la Tanzanie pour le compte de la troisième journée de la Poule D.

Cache-nez à gogo

Un paquet de cache-nez à vendre au milieu de gadgets

Dehors, Maurine recherche d’autres  clients pour se faire un peu de sous et les protéger contre le virus, éventuellement. Lorsque la clientèle commence à se faire un peu rare au Carrefour où elle a pris position à son arrivée, elle change d’angle d’attaque. Elle se déplace sur les côtés et quadrille une plus grande surface. Elle est à l’affût de toute occasion. Elle doit dans le même temps dribler ses autres concurrents pour réaliser le plus de ventes. Son choix tactique est payant. « Je peux vendre deux paquets de cache-nez par jour. Chaque paquet contient 50 cache-nez. Mon Chan à moi c’est ici dehors », confie la vendeuse qui réside au quartier Nyalla, à près de 9 km de Bépanda.

Ils sont près d’une dizaine d’autres commerçants engagés dans la vente des cache-nez devant le stade de la Réunification, depuis le début des matchs. Ce ne sont pas les cache-nez qui manquent ici. Il y en a en abondance même. Certains vendeurs se sont d’ailleurs reconvertis et ont changé d’activité le temps du Chan. D’autres ont associé la vente des masques à leur business de départ. Des hommes, des femmes et des enfants aussi se disputent les parts de marché. Comme ce gamin d’à peine 10 ans qui déambule partout avec sa bicyclette au milieu des supporters dans le clair-obscur de la ruelle. Son vélo est orné de petits drapeaux vert-rouge-jaune. Il hèle les passants en proposant des cache-nez. On voit bien dans l’autre main qu’il propose également des Chewing-gums. Duviol T., lui aussi, a un paquet de cache-nez bien en exergue dans son panier de gadgets qui propose des vuvuzela, chapeaux et clapettes.

Impossible distanciation sociale au portail

Pour les spectateurs qui ont remporté la première manche du jeu en se procurant un ticket du match, il faut encore passer la phase fatidique de la traversée du portail. Alors que la rencontre se joue depuis plus d’une demi-heure déjà, les rangs sont encore kilométriques de part et d’autre de l’entrée principale du stade de la Réunification. Impossible de respecter la distanciation sociale ici. Les spectateurs sont serrés les uns aux autres. Certains animent une conversation en attendant de voir le bout du tunnel. Des gendarmes en faction filtrent les entrées. Ils tapotent chacun des supporters qui passe ensuite au détecteur de métaux.

Maurine, vendeuse de cache-nez

« Hier (mardi) c’était grave. Il y avait encore plus de monde. C’est ainsi chaque jour depuis le début des matchs », atteste un vendeur de porc à la braise installé à quelques encablures du stade de la Réunification.

Avec l’affluence, les hommes en tenue sont parfois obligés de marquer un petit temps d’arrêt pour réorganiser, ou élever la voix pour rappeler à l’ordre. Ici, les cache-nez sont obligatoires. Les éléments des forces de l’ordre qui arborent eux-aussi un masque de protection y veillent. Certains supporters qui s’en rendent compte tardivement, sont alors obligés de se le procurer à travers la grille étroite. Maurine et quelques-uns de ses « coéquipiers » rôdent non loin. La transaction est vite effectuée. Si pour certains le port du masque est juste une formalité, pour d’autres, il est véritablement question de se prémunir de la maladie. « Des étrangers sont dans nos murs. Il faut se protéger », lance un fan de foot.

Des volontaires veillent

Une fois le portail franchi, des spectateurs ont vite fait de baisser le cache-nez au niveau du menton. Des volontaires postés dans les gradins sont là pour veiller au respect des règles sanitaires. « Monsieur, veuillez bien porter votre masque s’il vous plait», indique à chaque fois un volontaire avec courtoisie à ceux qui ont dérogé à la règle. A l’intérieur, la distanciation sociale est de mise. « Quand les volontaires vous trouvent assis côte à côte, ils vous demandent de laisser une chaise libre au milieu de vous », fait savoir un journaliste à Bépanda. Il apprécie aussi la disposition des seaux d’eau et savons à l’entrée des supporters au stade de Japoma. Lesdits seaux sont disposés avant l’accès aux tribunes. Toutes ces mesures sanitaires pour un Chan au Cameroun sans Covid-19.

Mathias Mouendé Ngamo

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