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Une expérience du Bangala…

Un billet collectif dans l’univers du Bangala. Mais qu’est-ce que c’est exactement ? Certains diront que c’est l’organe sexuel mâle. D’autres ajouteront que c’est une langue et un peuple se situant au Nord-Est de la République Démocratique du Congo, au Soudan du Sud et à l’Ouest de l’Ouganda. Finalement, il revient à ce vocable « Bangala » de nous relater leur Cameroun pluriel à travers les trajectoires de Tchakounte Kemayou, Salma Amadore, Olivier Mbamse Moukodi, Franck Parfait NamekongRomuald Nguemkap, Romaric Willianson Tchouanté et Dania Ebongue.

Chapitre 1 – Bafoussam (Tchakounte Kemayou) :

C’est à Bafoussam que j’ai entendu quelqu’un me poser cette question pour la première fois : « Tchakou, tu veux manger le bangala ? ». J’étais terrifié t’entendre ça de la bouche d’une femme. C’était un vendredi du 28 mai dernier, quelques minutes après avoir terminé la couverture d’une campagne pour laquelle nous, blogueurs de l’ABC, étions en mission dans la ville, le temps était venu de retourner à l’hôtel. Mais, le chauffeur chargé de nous y conduire arrive dans quelques minutes…

Chapitre 2 – Bonendalé-Bonaberi ( Olivier Mbamse Moukodi) 

J’avais aperçu Endalle, une jeune fille qui rentrait du marché avec un sac dans sa main gauche. Je l’ai interpellée: « ENDA, d’où viens-tu? Elle m’a répondu qu’elle sortait de l’abattoir de Ndobo (habituellement nommé Ministère du soya). Curieux, j’ai répliqué: « Qu’es-tu allée chercher à l’abattoir ? Elle m’a dit qu’elle allait chercher le « Bangala ». J’ai gratté la tête en lui disant mais… Endalle comme tu peux aller chercher le Bangala aussi loin, alors que tu l’as à côté de toi? (Je parlais de moi bien sûr). Endalle m’a jeté un sourire, me faisant croire qu’elle était attirée par ma drague (Rire). Et d’ailleurs, pour tout couronner, elle m’a invité à la rejoindre chez elle le soir…

Chapitre 3 – Le Wangala ( Salma Amadore) :

Bœufs, chèvres et moutons ont en commun qu’ils peuvent être consommés ainsi que leur wangala sous forme de soya (viande brulée). Quand je dis Wangala entendez plutôt «zizi, Zoze, plantain, carabine ou Bangala » tout simplement. Dans le langage commun pour désigner le pénis au Cameroun, on fait usage de ces mots. Oui parce que cet organe est un mot tabou dans notre pays et il a fallu lui trouver d’autres mots et noms d’emprunt. Le Bangala est appelé Wangala par certains ressortissants du septentrion et surtout les vendeurs de soya. « Une femme ne mange pas le Wangala » me disaient-ils et moi de me demander pourquoi ? Le Bangala est un organe masculin, signe de la virilité d’un homme, sa longueur et son épaisseur sont souvent une force ou un complexe. Le Bangala est un mot que l’on aime la nuit et moins le jour.

Un mot qu’on est libre d’utiliser entre amis, entre copains mais jamais en famille, euye qui est fou ? Alors la première fois où j’ai gouté  Wangala (hum vous mentez je suis vierge et je le resterai) chez un vendeur de soya, j’avais essuyé 3 refus d’autres vendeurs de soya. Il m’a fallu faire appel à mon imagination. J’ai dû passer par un ami qui l’avait acheté pour moi chez un vendeur de soya.  En ouvrant le papier ciment avec lequel on emballe le soya, j’ai découvert de petits morceaux de viandes sous forme de cercles.

J’ai passé la nuit à me demander pourquoi les femmes ne devaient pas manger le wangala du bœuf, du mouton et de tout autre animal mais pouvaient faire « tout » ce qu’elles voulaient avec celui des hommes ?Cette partie  était-elle réservée seulement aux hommes pour renforcer la leur ? Si oui pourquoi ils mangeaient aussi les gésiers qui représentent l’organe clitoridien de la femme ? Si une femme en mangeait se verrait-elle changer de sexe ? En tout ça jusqu’à présent le mien n’a pas changé.

Chapitre 4– Bafoussam Acte 2 ( Tchakounte Kemayou) :

Lasse de m’attendre, Ghislaine balance sans coup férir, dans une voix chancelante qui, de loin, seule une oreille douce et attentionnée pouvait entendre : « Tchakou, tu veux manger le bangala ? ». Je croyais avoir mal entendu. Puis elle répète avec la même tonalité : « Tchakou, viens manger le Bangala ! ». Elle avait fini par me comprendre en lisant mon regard éberlué : « Ne me regarde pas comme ça. C’est le pénis du bœuf. C’est bon hein ! Vient alors manger ». Cette précision a réveillé un lointain souvenir lorsque j’allais à l’Extrême-Nord visiter le camp des réfugiés de Minawao en juin 2015. Les pénis de bœuf, découpé en lamelles, et non en rondelle comme j’ai vu à Bafoussam, j’en ai beaucoup consommé pour la première fois à Maroua.

Chapitre 5 – Bonendalé-Bonaberi Acte 2 (Olivier Mbamse Moukodi) 

Jeudi soir, il est 17h. A mon retour du marigot, je me suis oint de mon mayanga pour assister à mon rendez-vous « d’amoureux ». J’ai trouvé Endallé, avec une grosse marmite sous ses jambes qu’elle m’a invité à ouvrir. Et, une odeur aussi appétissante que la couleur ses jambes s’échappe, hummm…le goût de ça, j’ai léché les lèvres. Endallé m’avait alors servi les meilleurs morceaux de sa marmite. Une fois rassasié, je l’ai invité à une partie de jambes en l’air et là, tout net, elle s’énerva. Endallé me révèla que la vraie partie de jambes en l’air venait de s’achever avec la dégustation du Bangala et il n’était pas question de sexe. De là, j’ai confirmé que j’étais dans le ndem ( loseur).

 

Chapitre 6 – Noyaux et Boyaux (Romuald alias Rihanno Mars) 

  • Qui veut les noyaux ?
  • Les Noyaux laaaaaaaaaaaa….
  • Qui veut les noyaux ?
  • Les noyaux, qui veut les noyaux ?

Je devenais tout à coup excité quand j’entendais ces mots, J’avais mon signal, je pouvais prendre une pause bien méritée. J’écartais mes cuisses, je repoussais mon popotin en arrière pour me sortir de cette chaise sur laquelle je suis assis depuis 4 h déjà. Le moment de prendre plaisir est arrivé, surtout que ça faisait plus de trois jours, je n’avais plus eu de noyaux. M’imaginer le mettre dans la bouche me faisait déjà un grand bien, la sensation que les noyaux me procurent est parfois indescriptible, c’est l’orgasme culinaire assuré. J’hâtais le pas, je voulais être le premier servi. J’étais prêt pour 5 coups au moins.
Il avait réussi à me séduire, déjà par son marketing, simple originale et très efficace. Il n’avait pas honte. Ce jeune trentenaire passe entre les rues des marchés A et B de la ville de Dschang, et crie à voix haute : « noyaux, Noyaux, qui veux les noyaux ». Le goût de ces noyaux vous laisse aux portes d’un ciel proche du 7e. En effet dans son gros thermos qui faisait ressortir ses muscles quand il le tenait, se trouve des boyaux de bœufs, bien assaisonnés d’épices et d’un piment doux et violent à la fois. C’est le plaisir assuré avec lui….

Chapitre 7 – Igor et Brelle (Romaric alias Romane) 

Tous deux jeunes âgés de 19 ans pour Brelle et 22ans pour Igor, heureux de découvrir la liberté qu’offre le succès au baccalauréat. .Nouvellement arrivés à l’université, nos deux tourtereaux tombèrent follement amoureux l’un de l’autre. Mais Igor était puceau et incroyable que cela puisse être Brelle l’était aussi. Et c’était là le problème, ils s’aimaient aveuglement mais étaient inexpérimentés sexuellement. Ils se mirent donc d’accord pour un le grand saut et ce jour arriva…

Igor s’abreuva d’excitants divers pour faire grossir son sexe et impressionner Brelle. Au moment M, il bondit sur elle alors qu’elle rêvait de préliminaires et de romantisme. La scène tourna au drame. Igor n’en peut plus et bondit à nouveau sur sa bien-aimée. Brelle l’arrête, elle veut les préliminaires, Igor se ressaisit, entre temps Dagobert est à son paroxysme, Igor se déshabille et Brelle, voyant  le marteau piqueur, se mit à crier  «  je ne veux plus ».

Trop tard, Igor est déjà et Brelle pleure de douleur. Subitement,  Igor s’arrête il ne réagit plus  et Brelle voyant cela cria de toutes ses forces et les voisins accoururent. Igor a perdu connaissance, Brelle n’arrive pas à marcher. Conduits à l’hôpital brelle s’en sort avec deux jours de repos et Igor avec trois jours d’hospitalisations et de désintoxication. Ce fut également la fin de leur histoire d’amour.

 

Chapitre 8 – Bangala et Infidélité ( Franck Parfait Namekong)  

Avant je croyais que les filles n’aimaient pas le Bangala. Je pensais ainsi parce qu’elles donnaient toujours cette impression que si elles sont avec les garçons, c’est pour leur faire plaisir et qu’elles-mêmes n’y gagnaient rien. Mais cette manière de voir les choses a changé dès que j’ai commencé à avoir mes propres expériences. J’ai vu à quel point elles pouvaient se compromettre juste pour du Bangala. Une amie s’était envoyée en l’air avec un gars qu’elle avait rencontré en boite de nuit après une petite dispute avec son mari. C’était le début d’un calvaire qui a finalement abouti à la fin d’un mariage de 04 ans. En réalité, elle avait un manque de Bangala dans son couple car son mari avait une faiblesse sexuelle. En trompant celui-ci ce fameux jour, elle est malheureusement tombée sur quelqu’un qui  lui en a donné comme il se devait et elle ne pouvait plus s’en passer car c’était sa pointure exacte. C’est ainsi que, malgré la résolution du problème avec son mari, elle continuait à voir ce mec. Jusqu’au jour où son mari finit par tomber sur les messages de l’amant en manipulant par hasard le téléphone de son épouse. Le Bangala a donc mis un terme à ce mariage.

 

Chapitre 9 – Le Cameroun mange le sexe (Dania alias Maitre Afra)  

Oui, au Cameroun, le plantain est érotique. C’est le sexe de l’homme. Le gésier, est supposé être la partie la plus prisée de la volaille, détrompez-vous ! C’est le clitoris ! Et lorsque vous parlez d’une vendeuse de piment, faites gaffe ! Le piment est décrit ici comme le vagin. Une vendeuse de piment devient alors une prostituée. Du coup, Steve, Eddy et moi étions à Obobogo à Yaoundé auprès d’un vendeur de Soya. Pendant que nous dégustions quelques morceaux, notre amie Rolka descendit d’un taxi, fila droit vers le vendeur et s’exclama :

  • Il y’a le Bangala ?

A cette question, nous nous regardâmes tous et en chœur nous lui avons répondu « oui ». Mais Rolka était imperturbable. Notre oui lui semblait une réponse directe à sa question alors qu’en réalité, on voulait qu’elle réalise que oui, il y’avait du Bangala et elle n’avait qu’à choisir. Puis elle ajouta : « Mettez beaucoup de piment ». Je lui demandai alors : « Pourquoi une femme demande le piment ». Lorsqu’elle comprit la connotation de ma question, elle éclata de rire, réalisant qu’on naviguait depuis le début en plein délire sexuel. Ce jour-là, j’avais entre mes mains, le roman « Femme Nue, Femme Noire » de l’écrivaine Calixthe Beyala. Un roman qui décrit la femme africaine dans l’expression la plus fougueuse de sa sexualité. Et dans une grande violence, le mot « Bangala » apparait plusieurs fois, comme un point final au tabou qui accompagnait ce mot jadis en Afrique.

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