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Leur vie entre leurs mains derrière les barreaux

Il y’a de cela quelques années plus précisément en fin 2015 , la vie m’a permis de donner des cours de français et de mathématiques aux jeunes mineurs des classes de 6e, 5e et 4e de la prison centrale de Nkondengui à Yaoundé au Cameroun.

Durant plus de deux mois j’ai partagé avec eux leurs vécus, leurs émotions, leurs attentes de la vie. Cette expérience m’a profondément marqué car immergé dans leur quotidien, j’ai pu toucher du doigt une réalité peu commune au commun des mortels. La plupart ayant une moyenne d’âge de quinze ans, ces derniers sont des victimes brutes des affres de la vie. Généralement accusé de délits pour certains et de crimes pour d’autres, il est aberrant de constater le réalisme avec lequel ils assument les raisons pour lesquelles ils se sont retrouvés derrière les geôles . En communiquant avec ces derniers, l’on s’aperçoit à quel point l’insouciance de leurs géniteurs ou aînés pour certains ont exposé ces fers de lance de la nation à la délinquance juvénile ou à une oisiveté sans pareille, cocktail qui laisse la porte grande ouverte aux maux sociaux pourtant évitables par l’adoption d’une discipline et d’un dynamisme efficient . Superficiellement, on peut s’imaginer que ce ne sont pas des enfants de cœur, mais dès lors qu’on réussit à leur faire comprendre qu’on ne les juge pas, ils apparaissent sous un regard meilleur que celui qu’ils auraient pu ou voulu nous dévoiler. Ainsi, il nous advient de nous demander si l’on agirait différemment en étant exposé aux mêmes vicissitudes qu’eux jours et nuits pendant longtemps. Pour la petite histoire, j’ai pu constater que la majorité d’entre eux disposent de talents incompris, mal ou pas orientés du tout voire enfouis par la réalité de leur cadre de vie . Ces enfants pourraient être ceux de n’importe qui et sont issus de toutes classes sociales diverses et variées et sont généralement accusés de vol, de viols; quelques fois de crimes odieux tels que le commerce d’ossements humains. Ce qui m’a poussé à m’interroger sur les raisons les y ayants conduis. Il y en a qui y sont parce que leur environnement social rejette l’autorité de l’Etat, et très vite se retrouvent entrain de traîner avec des délinquants plus âgés qu’eux qui ne peuvent que leur transmettre leur savoir faire en matière de larcins, raison pour laquelle très tôt ils commencent à consommer des stupéfiants, des drogues douces et dures et très vite commettent des vols et participent à des agressions pour plaire aux seuls personnes qui leur donnent l’illusion de prendre soin d’eux, mais en réalité abusent de leur naïveté. Au demeurant, on peut y rencontrer ces jeunes qui sans surveillance ni accompagnement parentale regardent des programmes pour adultes et veulent reproduire ce qu’ils ont vu, résultat des courses, ils se retrouvent accusés de viol ou d’abus sur mineurs. Entre autres, il y’a ces jeunes là qui sont rompus au crime, car ils ont baigné trop tôt dans un climat de haine ou de recherche effrénée du gain ,et pour satisfaire leurs lubies, ont été entraînés à commettre toutes sortes de turpitudes . Il y’en a qui vivent mal leur séjour en prison parce qu’ils s’estiment innocents voire victimes d’erreurs de justice et d’autres qui se créent une carapace pour pouvoir se fondre dans la meute de loups même si au fond, se sont des agneaux, sauf que s’ils jouent trop souvent ou trop longtemps ce jeu de rôle, ils pourront finir par donner vie à un personnage dont ils ne maîtrisent rien, car ils développent à longueur de journée des postures dans ce milieu où survivre est le maître mot.

De prime à bord, un questionnement subsiste sur leur état psychologique dans cet environnement austère qui pourrait détruire ce qu’il y’a de bien en eux du fait de ce cosmopolitisme subi et non voulu.Fort heureusement, le système carcéral a mis sur pied un cadre socioculturel et éducatif qui s’évertue à maintenir une pseudo stabilité émotionnelle. A cet effet, bon nombre d’associations humanitaires, de personnes de bonne charité participent à leurs besoins primaires tels que la nutrition, le vestimentaire, et leur équilibré psychiques au travers des dons en nature, des cadeaux en période de Noël, des activités récréatives tels que des concours de danse, de chants, de dessins et d’écritures. De plus, ceux parmi eux qui ont besoin de conseil ou des personnes de bonne moralité pouvant leur servir de modèle trouvent en ces âmes bienfaisantes une oreille attentive qui leur montrent le chemin vers la communion avec la légalité et la légitimité du contrat social.

Ceux parmi eux qui n’ont pas pour ambition de poursuivre des études dites conventionnelles, on la possibilité d’y faire des formations en électronique, couture ou tricotage, puisqu’on y applique une méthode éducative dite approche par compétence qui consiste à envisager l’enseignement autour du développement progressif de quelques grandes aptitudes qui permettent d’acquérir les savoir-faire indispensables (parler, lire et écrire) dans le souci de ne pas séparer les apprentissages de la situation globale dans laquelle ils se trouvent et ce pour peaufiner une réelle réinsertion sociale lorsqu’ils en sortiront.

Cependant, il convient de noter que ces jeunes qui ont généralement un problème prononcé pour la plupart d’entre eux avec l’autorité parentale ou des liens de subordination apprennent au fil du temps à reconsidérer l’expression inopinée de leurs émois à tout va et réajustent leur égo selon les canons de la bienséance publique voire populaire.

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