Le document validé au cours du forum de Kinshasa du 21 au 24 juin derniers comprend une stratégie, un plan d’action et des recommandations finales.
Le rideau s’est refermé le 24 juin 2022 sur le forum régional de Kinshasa. Cette assise de quatre jours a permis aux acteurs des organes de régulation de la communication et des médias des pays membres de la CEEAC, les professionnels des médias, les blogueurs et les représentants des organisations de la société civile de produire et d’adopter une stratégie et un plan d’action pour la prévention et la lutte contre les discours de haine dans les supports de communication écrite, audiovisuelle et numérique en Afrique centrale.
Les travaux de groupe ont été conduits par les professeurs Charly Gabriel Mbock, Jean-Louis Esambo et Jean-Chrétien Ekambo. Ils ont abouti au document de stratégie régionale et le plan d’action à trois (03) axes. De prime abord, la stratégie régionale de prévention et de lutte contre les discours de haine en Afrique centrale plante le décor. Cette disposition de cinq pages laisse ressortir entre autres les objectifs, les priorités régionales, les partenaires dans la lutte, les groupes cibles avant de présenter les engagements des principaux acteurs impliqués dans la prévention et la lutte contre les discours de haine que sont les Etats de la CEEAC, le Système des Nations unies, les professionnels des médias, les organisations de la société civile et les organes de régulation des médias puis les messages.
Le plan d’action est plus dense. Il est calqué sur la Stratégie et le Plan d’action des Nations Unies pour la lutte contre les discours de haine. Les 10 domaines prioritaires de ce plan sont ressortis et adaptés au contexte régional. On y note des domaines prioritaires visant notamment à suivre et analyser les discours de haine, s’attaquer aux causes profondes, aux moteurs et aux acteurs desdits discours. Il sera aussi question de soutenir les victimes des discours, réunir les acteurs concernés, s’engager auprès des médias traditionnels et nouveaux et utiliser non seulement la technologie mais aussi l’éducation comme un outil pour aborder et contrer ces discours.
L’adhésion des Etats de la CEEAC aux engagements du forum de Kinshasa
Quatre thématiques guident les recommandations endossées à la stratégie et au plan d’action à savoir les réformes législatives, les mesures de régulation, d’autorégulation et de co-régulation, l’appui institutionnel de la part des partenaires pour atteindre les objectifs assignés et la coopération sous régionale. Une coopération appelée par le représentant du président de la République démocratique du Congo dans son propos de clôture. « Je note particulièrement les recommandations sur le renforcement de la coopération sous-régionale dont les efforts à fournir pour améliorer les voies de communication, la libre circulation dans la sous-région et le souci d’harmonisation des législations sur la prévention des discours de haine dans la sous-région », relève Nana Manwanina Kiumba, ministre près le Président de la République.
Avant d’ajouter, « Je tiens à rassurer les participants que la RD Congo, Présidente en exercice de la CEEAC, ne ménagera aucun effort pour capitaliser au maximum les acquis du forum de Kinshasa, notamment la stratégie et le plan d’action élaborés, et mettra tout en œuvre pour inciter l’adhésion des Etats membres aux engagements du forum de Kinshasa », promet Nana Manwanina Kiumba.
Pour Abdoul Aziz Thioye, le directeur du Bureau conjoint des Nations unies pour les droits de l’homme, la série de forums qui se clôture aujourd’hui est le résultat d’une prise de conscience, celle de l’impact dévastateur des discours de haine sur la cohésion et l’inclusion à l’intérieur de nos pays et sur la paix et la sécurité dans la sous-région. C’est aussi un engagement ferme pour apporter des solutions innovantes, mais surtout inspirées de la diversité et de la richesse de nos expériences, pour nous assurer que l’environnement médiatique soit dépourvu de haine et d’incitation à l’hostilité.